CHAPITRE X
LE TRIBUNAL DU PEUPLE
Le posse était arrivé.
Les cow-boys aussi.
Ils étaient tous dans le bunkhouse où allaient siéger le tribunal selon le droit du far-west.
Le juge était le maire de Squeletteville.
Six jurés venaient d’être choisis parmi les membres du posse.
Nap agissait comme avocat de la reine Victoria.
On avait eu de la misère à trouver un avocat de la défense.
Le maire dit :
— La séance est ouverte.
Ravelle se leva et dit :
— Baptiste Verchères sera le seul témoin entendu sous l’égide de sa majesté la reine.
— M. Verchères, vous êtes chef de police de Squeletteville ?
— Oui.
— Avez-vous examiné le cadavre d’Alcide Boyer ?
— Oui.
— Objecté, fit la défense.
Le juge approuva :
— Puisque le corpus delicti est brûlé et inidentifiable, il m’est impossible, Ravelle, de vous laisser aller plus loin sur ce sujet…
Nap dit :
— Très bien. Mais la loi de l’Ouest permet la condamnation à mort pour vol sur les ranches…
— Vous voulez faire une preuve de vol ?
— Oui et aussi de complot pour commettre un meurtre.
Ravelle demanda :
— Voulez-vous nous lire une lettre qui vient de vous tomber sous la main ?
— Volontiers.
— De qui est cette lettre ?
— Du mort.
Il lut :
M. Baptiste Verchères,
Cher ami :
Si vous lisez cette lettre, c’est que je serai mort.
Assassiné. La crainte horrible me hante. J’avais une foi entière, absolue, en un homme qui m’avait sauvé la vie, Battling Renaud.— 30 —
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