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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/220

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œuvres de émile verhaeren


LA SAISON DORÉE


Lacs d’or dont les blés mûrs sont les roseaux penchants,

Les champs,
De l’un à l’autre bout des plaines,
Gonflent leurs flots inapaisés sous les haleines
Du vent qui naît à l’aube et s’endort au couchant.

C’est l’heure où la verdure, à l’ombre, est déjà noire ;
Mais les moissons, avec leurs feux, avec leurs moires
Roulent si bellement sous l’antique soleil,
Qu’une neuve saison, celle des mois vermeils
S’inaugure
Quand s’éteignent déjà les bois et les ramures.

Et jusqu’au jour où surgissent, à la lueur
Des faux, col et bras nus, torse en sueur,
Des moissonneurs,
Dans une étreinte immense, égale et sans secousse,

L’été torride et blanc brûle la Flandre rousse.