Page:Verhaeren - Contes de minuit, 1884.djvu/51

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jusqu’à ce que l’un d’eux, atteignant le faîte, hissât à lui ses compagnons.

Des envolées d’un cintre à l’autre se croisaient ; des échines se cambraient comme des rotins ; des carcasses se mêlaient dans des cumulets effrayants d’audace ; des ruptures d’équilibre folles, insoupçonnées, fixaient dans des poses inédites toutes ces clowneries macabres, toutes ces ossatures traversées de la lumière des lustres et comme rayées de feu. On galopait sur des cordes tendues, on sarabandait sur les bourrelets des loges. Une grappe de fantômes ballait largement au bout d’un câble.

Des jeux s’organisaient : on se poursuivait, on courait à larges enjambées, prenant les supports les plus frêles pour points d’appui ; on se laissait tomber de très haut dans le filet sous-tendu, pour rebondir jusqu’aux barres voisines. C’étaient