Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/19

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Et la mer obéit au même acharnement
De vitesse et d’essor à travers ses espaces :
Les sous-marins rusés et les croiseurs rapaces
Guettent au pied des caps pour s’élancer vers où ?
Des signaux concordants sont donnés tout à coup.
Les ports sont ameutés de brusques canonnades.
Des obusiers géants quittent les esplanades.
Dans la cale et la soute on travaille partout
Et voici qu’à l’aurore, en ligne de bataille,
Sur les flots montueux que leur étrave entaille,
Passent les cuirassés dardant vers l’horizon
Les obliques et rayonnants buissons
De leurs canons,

Oh ! les retentissants et phosphoreux cratères
Dont les arsenaux d’or illuminent la terre,
De Woolwich à Skoda et d’Essen au Creusot !
L’acier s’y mue en fonte et s’y coule en mitraille ;
Mille obus emboutis s’y rangent en monceaux ;
Déjà se livre au loin la première bataille :