Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/20

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Les eaux d’Heligoland s’emplissent de lueurs ;
Un brusque orgueil monte aux cerveaux, sans que les cœurs
Battent trop fort ou s’exaltent en cris sauvages ;
Autour de Tsing-Tao qui brille sur la mer
L’attaque des vaisseaux rassemble ses éclairs
Et la rage et l’astuce et la terreur voyagent
Ici, là-bas, partout, de sillage en sillage,
Immensément,
De l’un à l’autre bout de l’Océan.

Et par-dessus ces escadres et leurs fumées
Volent de ciel en ciel les paroles armées ;
Chaque onde en est vibrante et, le jour et la nuit,
Passe toute la guerre à travers l’infini ;
L’antenne des hauts mâts recueille et répercute
L’ordre d’où sortira la victoire ou la chute ;
À l’Est, à l’Ouest, au Sud, au Nord,
Autour des appareils mille étincelles d’or
Crépitent — et c’est le feu, le vent, les eaux, la terre,
— Vieux éléments ployés aux ordres du mystère, —