Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/80

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Son geste accompagnait un invincible élan
Vers l’ennemi surpris et tout à coup branlant.

Terribles s’abattaient les coups de la mitraille ;
On ne savait quel dieu redressait la bataille
Pour la fixer ferme et debout entre nos mains ;
Des renforts survenus soutenaient notre droite,
Un clairon de rappel éclatait au lointain,
Le vent frais et léger traversa le soir moite,
L’adieu d’un soleil brusque illumina les cieux
Et l’orgueil remplaça la haine dans les yeux
Victorieux
De nos troupiers chantant leur chanson saccadée
Avant de s’endormir sur leur terre gardée.

Toute cette nuit-là
La présence des morts défendit la ruine ;
Le fermier leur disait des mots ardents si bas
Qu’ils faisaient moins de bruit que l’ombre ou la bruine.