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Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/147

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L’homme apparaît massif en son habit de drap.
Le dos épais, le col lustré, le menton ras,
Et d’un geste superbe épongeant sur son seuil
L’acre sueur de son orgueil.

Les coups de feu qu’on a tirés, drus et sonores,
Dès le matin, en son honneur, aux carrefours,
Et les bonds triomphaux des cloches dans la tour
Rendent son cœur plus fier encore.

Sa ferme est là qui monte et s’étend devant lui :
Et son bétail est gras et l’étable rayonne ;
Et les croupes s’y étalent comme des fruits,
Dans l’or et les pailles d’automne.

Son seigle et son froment chargent par tas vermeils
Ses vieux greniers poudreux dont les poutres sont lasses ;
Il voit les coqs aller, venir dans le soleil,
Comme des feux qui se déplacent.