Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Avant de s’engouffrer en leurs ténèbres,
Salue, une dernière fois,
Les feuillages, les champs, les pâtures, les bois,
Avec des meuglements effarants et funèbres.

Et le soir tombe et le gel mord — et c’est l’hiver.

Et désormais, dans la moiteur des bouses chaudes
Et des litières d’or que la fourche échafaude,
Sous leurs ventres bombés et clairs,
Elles passeront les mois des longues somnolences ;
Chacune aimant et défendant
Son coin
Et mâchonnant
Nonchalamment
Raves, farine et foin,
Dans le silence.

Et la Toussaint grisâtre et le brumeux Noël
Agiteront au village leurs cloches lourdes ;
Et tout l’hiver mordra, avec rage, le ciel,