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Page:Verhaeren - Les Visages de la vie, 1899.djvu/87

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Telles des dames,
Passent, au ciel ou vers les plages,
Voilures et nuages :
Il fait dimanche sur la mer ;
Et l’on voit luire, au loin des rames,
Barres de prismes sur la mer.

Clair de moi-même et de cette heure,
Qui scintillait, en grappes de joyaux
Translucides, sur l’eau ;
J’ai crié, vers l’espace et sa splendeur :
« Ô mer de luxe frais et de moires fleuries,
Où l’immobile et vaste été
Marie
Sa force à la douceur et la limpidité ;
Mer de miroirs en fête,
Où voyagent, de crête en crête,
Sur les vagues qu’elles irisent,
En guirlandes, les brises ;
Mer de ferveurs, où des musiques de lumière
Voudraient chanter, mais se taisent, dans l’or
Silencieux du fulgurant décor ;
Mer de beauté simple et première,
Qui fus mon enfance en floraison trémière
Et songeuse, quand je rêvais de grèves bleues
Où l’Ourse et le Centaure et le Lion des cieux