Page:Verlaine - Correspondance, t1, 1922.djvu/16

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apportent, mais aussi des souvenirs, parfois même des aveux si sincères que nous en demeurons surpris et troublés. Aucun souci de la forme, mais, au contraire, un débit aisé, naturel, rapide, des phrases courtes, hachées, nerveuses, un franc-parler qui tient de la conversation et rend vivants ses moindres propos. Le poète apparaît là, souvent, en plein travail, laissant surprendre à la fois son procédé et son invention.

On trouvera plus particulièrement dans ce premier volume les détails les plus circonstanciés sur sa vie : sa jeunesse, ses fiançailles, son mariage, ses amitiés, ses procès et ses entreprises, ses voyages en Angleterre et sur le continent, voire même ses prisons, et les séjours qu’il fit, au cours de ses dix dernières années d’épreuves et de maladie, dans les hôpitaux parisiens.

Aussi n’est-ce pas une seule image de l’auteur de Sagesse et de Parallèlement qui se détache de ces pages édifiantes, mais dix, mais vingt portraits de provenances diverses, marquant chacun une époque, depuis les débuts de l’écrivain, jusqu’à sa fin doublement caractérisée par l’empreinte de la misère et par je ne sais quel reflet de gloire déjà posthume.

Tel fut Verlaine ; tel il nous apparaît dégagé de la légende et du fatras des écrits mal informés : figure presque unique dans les annales du lyrisme, à laquelle il n’a manqué que le sourire de la Muse pour exprimer l’apaisement des derniers soirs.

Nous avons parlé de méthode. En fait, celle que nous avons adoptée ne fut qu’une simple mise au point, pour faciliter l’intelligence du texte ; rien de plus.