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Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 2.djvu/296

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Will Mitz, seul à l’arrière, tenait la barre d’une main, l’autre prête à mollir ou à raidir les écoutes de la voile et du foc. Un petit fanal, éclairant la boussole posée devant lui, lui indiquait si l’embarcation déviait de la route à suivre.

Ainsi s’écoulèrent de longues heures, sans que Will Mitz eut succombé un instant au sommeil. Trop de pensées agitaient son esprit, trop d’inquiétudes ! Soutenu par une inébranlable confiance en Dieu, il ne désespérait pas. Il était à l’arrière de ce canot, comme il était, l’autre nuit, sur la dunette de l’Alert, dirigeant l’un d’une main ferme, comme il avait dirigé l’autre. Mais, au lieu du solide navire qui portait ses jeunes compagnons et lui, ce n’était plus qu’une frêle embarcation, avec une réserve de vivres qu’une semaine épuiserait, qui allait les livrer à toutes les incertitudes de cette navigation, à tous les caprices, tous les dangers de la mer.

La brise persistant modérée et régulière, Will Mitz n’eut pas l’occasion de réveiller son petit monde, et si, à plusieurs reprises, se relevant, l’un ou l’autre, ils l’interrogeaient :