dirait M. Caterna. Puis ils s’avancent vers le clergyman, qui se tient debout, la main posée sur une Bible entr’ouverte à la page, sans doute, où Isaac, fils d’Abraham et de Sara, épouse Rébecca, fille de Rachel.
On se croirait à l’intérieur d’une chapelle, si un harmonium faisait entendre sa musique de circonstance…
Mais elle m’arrive, la musique ! Si ce n’est point un harmonium, c’est sa monnaie, du moins. Un accordéon s’essouffle entre les mains de M. Caterna. En sa qualité d’ancien marin, il sait manier cet instrument de supplice, et le voilà qui joue l’affadissant andante de la Norma avec les nuances les plus accordéonesques !
Cela paraît causer un extrême plaisir aux natifs de l’Asie centrale. Jamais leurs oreilles n’ont été charmées par cette mélodie démodée que l’appareil pneumatique rend d’une façon si expressive !
Enfin tout finit en ce bas monde, — même l’andante de la Norma, et le révérend Nathaniel Morse commence à servir aux futurs le speech qu’il a déjà maintes fois débité en pareilles circonstances :
« Les deux âmes qui se fusionnent… La chair de la chair… Croissez et multipliez… »
À mon sens, il aurait mieux fait de dire, en nasillant comme un simple tabellion :
« Par devant nous, notaire clergyman, il a été dressé un acte sous la raison sociale Ephrinell Bluett and Co… »
Ma pensée reste inachevée. Des cris retentissent à l’avant de la locomotive. Les freins, brusquement manœuvrés, ont fait résonner leur serrage strident. Quelques secousses successives accompagnent le ralentissement du train. Puis, un heurt violent arrête les wagons au milieu d’un nuage de sable…
Quelle diversion à la cérémonie nuptiale, et « comme nous avons mis notre fil à la terre » cour employer une expression de télégraphistes !
Tout est renversé dans le dining-car, hommes et meubles, futurs et témoins. Personne n’a pu garder son équilibre. C’est un indes-