sa place, absolument étranger à ce qui se passe. Est-ce que cela le regarde, ce gentleman ? Et ne doit-il pas se dire que sur ces railways russo-chinois, c’est bien le comble de l’incurie et du désordre !… Une aiguille ouverte, on ne sait par qui !… Un train prenant une fausse voie !… Quelle administration aussi ridicule que moscovite !
« Eh bien ! dit alors le major Noltitz, le malfaiteur qui a lancé le train sur l’embranchement de Nanking, celui qui a voulu le précipiter au fond de la vallée de Tjou pour s’emparer du trésor impérial, c’est Faruskiar !
— Faruskiar ! » s’écrient les voyageurs.
Et la plupart refusent d’ajouter foi à l’accusation formulée par le major Noltitz.
« Comment, dit Popof, ce serait cet administrateur de la Compagnie, qui s’est si courageusement conduit pendant l’attaque des bandits, qui a tué de sa main Ki-Tsang, leur chef… »
J’entre en scène alors.
« Le major ne se trompe pas, dis-je. C’est ce Faruskiar qui a préparé ce joli coup ! »
Et, au milieu de la stupéfaction générale, je raconte ce que je sais, ce que le hasard venait de m’apprendre. Je dis comment j’ai surpris le plan de Faruskiar et des Mongols, alors qu’il était trop tard pour en empêcher l’exécution, et je ne tais que ce qui concerne l’intervention de Kinko. Lorsque le moment sera venu, je saurai lui faire rendre justice.
À mes paroles succède un concert de malédictions et de menaces. Quoi ! ce seigneur Faruskiar… ce superbe Mongol… ce fonctionnaire que nous avons vu à l’œuvre !… Non !… c’est impossible…
Mais il faut se rendre à l’évidence… J’ai vu… j’ai entendu… j’affirme que Faruskiar est l’auteur de cette catastrophe où tout notre train devait périr, qu’il est bien le plus affreux bandit qui ait jamais opéré en Asie centrale !
« Vous le voyez, monsieur Bombarnac, mes premiers soupçons ne m’avaient pas trompé, me dit à part le major Noltitz.