Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/243

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champs de culture qui se développaient jusqu’à l’horizon. Fréquemment des puits se rencontraient le long de la route, bien que les premières eaux des oueds Mouzen et Zehenna fussent déjà abondantes. Les véhicules et les chevaux allaient aussi vite que possible, afin d’enlever cette étape de quarante-cinq kilomètres dans une seule journée. Il n’était plus question de s’attarder en causeries joyeuses, et, d’ailleurs, rien de curieux sur ce parcours, pas même des ruines romaines ou berbères.

La température était élevée. Heureusement, un écran de nuages modérait les ardeurs du soleil, qui eussent été insoutenables à la surface de cette région déboisée. Partout, des champs sans arbres, des plaines sans ombrages. Même cheminement, qui se poursuivit de la sorte jusqu’à la halte du déjeuner.

Il était onze heures, lorsque la caravane s’arrêta au signal du guide Moktani. En se portant à quelques kilomètres vers la gauche, la lisière de la forêt des Ouled-Mimoun lui eût offert un endroit propice. Mais il ne convenait pas de s’allonger de ce détour.

Les provisions furent tirées des paniers. On s’assit sur le bord de la route en groupes divers. Il y eut le groupe Désirandelle-Elissane, et il fallait bien que Louise lui appartînt. Il y eut le groupe Jean-Marcel, et le jeune homme, en ne cherchant pas à s’approcher de la jeune fille, montra une discrétion dont celle-ci dut lui être reconnaissante. Depuis Lamoricière, il est probable que tous deux avaient fait plus de chemin que la caravane, et vers un but qui n’était pas précisément Sidi-bel-Abbès…

Enfin, il y eut le groupe Dardentor, lequel ne se fût composé que du personnage de ce nom, si notre Perpignanais n’eût accepté, faute de grives, la compagnie de M. Oriental.

Ils se trouvèrent l’un près de l’autre, et ils causèrent. De quoi ?… De tout… du voyage qui allait s’achever, et, en réalité, sans encombre… Nuls retards, des accidents sans gravité depuis le départ… Santé parfaite des touristes, peut-être un peu fatigués… plus particulièrement les dames… Encore cinq à six heures de marche jusqu’à