Sidi-bel-Abbès, et l’on n’aurait plus qu’à se caser dans un wagon de première classe à destination d’Oran.
« Et vous êtes satisfait, monsieur Oriental ?… demanda Clovis Dardentor.
— Très satisfait, monsieur Dardentor, répondit le Montélimarrois. Ce voyage était fort bien organisé, et la question de nourriture a été résolue d’une manière très acceptable, même dans les plus infimes villages.
— Cette question me paraît avoir tenu une place importante dans votre esprit ?…
— Très importante, en effet, et j’ai pu me procurer divers échantillons de produits comestibles dont j’ignorais l’existence.
— Pour mon compte, monsieur Oriental, ces préoccupations de boustifaille…
— Hum !… fit Patrice, qui servait son maître.
— … Me laissent à peu près le gaster indifférent, continua Clovis Dardentor.
— À mon avis, elles doivent, au contraire, occuper le premier rang dans l’existence, repartit M. Oriental.
— Eh bien ! cher monsieur, permettez-moi d’avouer que si nous avions attendu de vous quelques services, ce n’aurait point été des services culinaires, mais des services astronomiques.
— Astronomiques ?… répéta M. Oriental.
— Oui… par exemple, si notre guide se fût égaré… s’il avait fallu recourir à des observations pour retrouver la route… grâce à vous, qui auriez pris la hauteur du soleil…
— J’aurais pris la hauteur du soleil ? .,.
— Sans doute… pendant le jour… ou celle des étoiles pendant la nuit… Vous savez bien… les déclinaisons…
— Quelles déclinaisons ?… Rosa, la rose ?…
— Ah ! charmant ! » s’écria M. Dardentor.
Et il partit d’un gros rire, qui ne produisit aucun effet de répercussion dans les autres groupes.