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Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/291

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deux ans de vacances.

Chairman n’était véritablement fertile que dans sa partie centrale, où les eaux douces du lac lui déversaient la vie, en s’épanchant par les divers rios de ses deux rives.

Briant dirigea sa lunette vers l’horizon de l’est, qui se dessinait alors avec une grande netteté. Toute terre, située dans un rayon de sept à huit milles, eût certainement apparu à travers l’objectif de l’instrument.

Rien dans cette direction !… Rien que la vaste mer, circonscrite par la ligne ininterrompue du ciel !

Pendant une heure, Briant, Jacques et Moko ne cessèrent de l’observer attentivement, et ils allaient redescendre sur la grève, lorsque Moko arrêta Briant.

« Qu’y a-t-il donc là-bas ?… » demanda-t-il en étendant la main vers le nord-est.

Briant braqua sa lunette sur le point indiqué.

Là, en effet, un peu au-dessus de l’horizon, miroitait une tache blanchâtre que l’œil aurait pu confondre avec un nuage, si le ciel n’eût été absolument pur en ce moment. D’ailleurs, après l’avoir longuement tenue dans le champ de sa lunette, Briant put affirmer que cette tache ne se déplaçait pas et que sa forme ne s’altérait en aucune façon.

« Je ne sais ce que cela peut être, dit-il, à moins que ce ne soit une montagne ! Et encore, une montagne n’aurait point cette apparence ! »

Quelques instants après, le soleil s’abaissant de plus en plus vers l’ouest, la tache avait disparu. Existait-il là quelque haute terre, ou plutôt, cette coloration blanchâtre n’était-elle qu’une réflexion lumineuse des eaux ? Ce fut cette dernière hypothèse que Jacques et Moko admirent, bien que Briant crut devoir garder quelques doutes à ce sujet.

L’exploration achevée, tous trois regagnèrent, à l’embouchure de l’East-river, le petit port au fond duquel était amarrée la yole. Jacques ramassa du bois mort sous les arbres ; puis, il alluma du feu, tandis que Moko préparait son rôti de tinamous.