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deux ans de vacances.

taient pour déjeuner au bord d’une petite anse, ombragée de grands hêtres. De là, aussi loin que le regard se portait dans la direction de l’est, ce n’était qu’une masse confuse de verdure qui masquait l’horizon.

Un agouti, abattu dans la matinée par Wilcox, fit les frais du repas, dont Cross, plus spécialement chargé de remplacer Moko comme maître-coq, se tira tant bien que mal. Après avoir pris juste le temps de faire quelques grillades sur des charbons ardents, de les dévorer, d’apaiser leur soif en même temps que leur faim, Doniphan et ses compagnons s’engagèrent sur la rive du Family-lake.

Cette forêt, dont le lac suivait la lisière, était toujours formée des mêmes essences que les Traps-woods de la partie occidentale. Seulement, les arbres à feuilles persistantes y poussaient en plus grand nombre. On comptait plus de pins maritimes, de sapins et de chênes-verts que de bouleaux ou de hêtres – tous superbes par leurs dimensions.

Doniphan put constater aussi – à sa grande satisfaction – que la faune était non moins variée en cette partie de l’île. Des guanaques et des vigognes se montrèrent à plusieurs reprises, ainsi qu’une troupe de nandûs qui s’éloignait, après s’être désaltérée. Les lièvres maras, les tucutucos, les pécaris, et le gibier de plume pullulaient dans les fourrés.

Vers six heures du soir, il fallut faire halte. En cet endroit, la rive était coupée par un cours d’eau, qui servait de déversoir au lac. Ce devait être, et c’était, en effet, l’East-river. Cela fut d’autant plus facile à reconnaître que Doniphan découvrit, sous un groupe d’arbres, au fond d’une étroite crique, des traces récentes de campement, c’est-à-dire les cendres d’un foyer.

C’était là que Briant, Jacques et Moko étaient venus accoster pendant leur excursion à Deception-bay, là qu’ils avaient passé leur première nuit.

Camper en cet endroit, rallumer les charbons éteints, puis, après souper, s’étendre sous les mêmes arbres qui avaient abrité leurs