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deux ans de vacances.

fait assez !… Il demandait encore à se dévouer pour les autres !… Et, dès qu’il put parler, ce fut pour dire :

« Vous le voyez, c’est à moi… à moi seul de partir !… N’est-ce pas, frère ?…

— Bien, Jacques, bien ! » répéta Briant, qui attira son frère dans ses bras.

Devant l’aveu que Jacques venait de faire, devant ce droit qu’il réclamait, ce fut en vain que Doniphan et les autres essayèrent d’intervenir. Il n’y avait qu’à le laisser se livrer à la brise, qui manifestait une certaine tendance à fraîchir.

Jacques serra la main de ses camarades. Puis, prêt à prendre place dans la nacelle, qui venait d’être débarrassée du sac de terre, il se retourna vers Briant. Celui-ci était immobile à quelques pas en arrière du virevau.

« Que je t’embrasse, frère ! dit Jacques.

— Oui !… Embrasse-moi ! répondit Briant en maîtrisant son émotion. Ou plutôt… c’est moi qui t’embrasserai… car c’est moi qui vais partir !…

— Toi ?… s’écria Jacques.

— Toi… toi ?… répétèrent Doniphan et Service.

— Oui… moi. Que la faute de Jacques soit rachetée par son frère ou par lui, peu importe ! D’ailleurs, lorsque j’ai eu l’idée de cette tentative, avez-vous jamais pu croire que mon intention était de la laisser faire à un autre ? ..

— Frère, s’écria Jacques, je t’en prie !…

— Non, Jacques !

— Alors, dit Doniphan, je réclame à mon tour.

— Non, Doniphan ! répondit Briant d’un ton qui n’admettait pas de réplique. C’est moi qui partirai !… Je le veux !

— Je t’avais deviné, Briant ! » dit Gordon, en serrant la main de son camarade.

Sur ces mots, Briant s’était introduit dans la nacelle, et, dès qu’il y fut convenablement installé, il donna l’ordre de redresser le cerf-volant.