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du yacht, sinon sur la provision de biscuit, dont on était abondamment pourvu.

Aussi, comme on avait hâte que l’ascension du cap eût été faite – ascension qui résoudrait peut-être l’importante question de continent ou d’île ! De cette question, en effet, dépendait l’avenir, et, par conséquent, l’installation provisoire ou définitive sur cette terre.

Le 15 mars, le temps parut devenir favorable à la réalisation de ce projet. Pendant la nuit, le ciel s’était dégagé des épaisses vapeurs que l’accalmie des jours précédents y avaient accumulées. Un vent de terre venait de le nettoyer en quelques heures. De vifs rayons de soleil dorèrent la crête de la falaise. On pouvait espérer que, lorsqu’il serait obliquement éclairé dans l’après-midi, l’horizon de l’est apparaîtrait avec une netteté suffisante, et c’était précisément cet horizon qu’il s’agissait d’observer. Si une ligne d’eau continue s’étendait de ce côté, c’est que cette terre était une île, et les secours ne pourraient plus venir que d’un navire qui apparaîtrait sur ces parages.

On ne l’a pas oublié, c’était à Briant que revenait l’idée de cette excursion au nord de la baie, et il avait résolu de la faire seul. Sans doute, il aurait volontiers consenti à être accompagné par Gordon. Mais, d’abandonner ses camarades sans que celui-ci fût là pour les surveiller, cela l’eût trop inquiété.

Le 15 au soir, après avoir constaté que le baromètre se tenait au beau fixe, Briant prévint Gordon qu’il partirait le lendemain, dès l’aube. Franchir une distance de dix à onze milles – aller et retour compris – n’était pas pour embarrasser un garçon vigoureux, qui ne regardait pas à la fatigue. La journée lui suffirait certainement pour mener à bien son exploration, et Gordon pouvait être assuré qu’il serait revenu avant la nuit.

Briant partit donc au petit jour, sans que les autres eussent connaissance de son départ. Il n’était armé que d’un bâton et d’un revolver, pour le cas où il rencontrerait quelque fauve, bien que les chasseurs n’en eussent point trouvé trace pendant leurs excursions précédentes.