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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

le tiroir avait été vidé jusqu’à la dernière piécette. Quel était l’auteur de ce meurtre ? La justice l’eût peut-être longtemps cherché en vain, si le mort lui-même n’avait pris soin de le désigner. Dans la main crispée du cadavre, on trouva, en effet, un papier froissé, sur lequel, avant d’expirer, Alexandre Tisserand avait tracé ces mots : « C’est mon neveu qui… » Il n’avait pas eu la force d’en écrire davantage, et la mort avait arrêté sa main au milieu de la phrase accusatrice.

Cela, d’ailleurs, suffisait amplement. Alexandre Tisserand ne possédant qu’un unique neveu, aucune hésitation n’était possible.

Le crime fut reconstitué sans peine. La veille au soir, il n’y avait personne dans l’auberge. L’assassin était donc venu du dehors, et il devait être bien connu de la victime, puisque celle-ci, très méfiante de son naturel, avait ouvert sans difficulté. Il était également certain que le crime avait été commis de bonne heure, Alexandre Tisserand étant encore habillé. À en juger par des comptes inachevés restés sur le comptoir, il était en train de vérifier sa recette au moment où son visiteur était survenu. En allant ouvrir, il avait emporté machinalement le crayon dont il se servait, et dont il devait ensuite faire usage pour désigner son meurtrier.

Ce dernier avait, à peine entré, saisi la