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Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/148

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HIER ET DEMAIN.

victime par le cou, et l’avait terrassée. Le drame avait dû se dérouler en quelques minutes. Il ne subsistait, en effet, aucune trace de lutte, et Marie, dans sa chambre, assez distante il est vrai, n’avait entendu aucun bruit.

Estimant l’aubergiste mort, l’assassin avait vidé le tiroir, consciencieusement fouillé la chambre à coucher, ainsi qu’en témoignaient le lit retourné et les armoires bouleversées. Enfin, son butin recueilli, il s’était empressé de fuir, sans laisser aucune trace de nature à le compromettre.

Il le supposait du moins, mais le misérable avait compté sans la justice immanente. Celui qu’il croyait mort vivait encore et avait retrouvé quelques minutes de conscience. Il avait eu la force de tracer ces quatre mots qui allaient orienter les recherches, et qu’un ultime spasme de l’agonie avait tragiquement interrompus.

Dans le village, ce fut une stupeur. Jean Morénas, ce bon ouvrier, ce bon fils, un assassin ! Il fallait bien, cependant, se rendre à l’évidence, et l’accusation du mort était trop formelle pour permettre le doute. Tel fut du moins l’avis de la justice. Malgré ses protestations, Jean Morénas fut arrêté, jugé et condamné à vingt ans de galère.

Ce drame monstrueux fut le coup de grâce pour sa mère. À partir de ce jour, elle déclina rapidement. Moins d’un an