Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/117

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riches assaisonneraient seulement la chair crue d’une sauce à l’ail et de bonnes épices. Ce royaume était aussi fréquenté par de grandes couleuvres et de grands serpents hideux à voir. Ces reptiles, — vraisemblablement des alligators, — étaient longs de dix pas ; ils avaient deux jambes, armées d’un ongle, placées en avant près de leur tête, qui était démesurément grande, et dont la gueule pouvait engloutir un homme d’un seul coup.

A cinq journées à l’ouest de Carajan, Marco Polo, faisant de nouveau route vers le sud, entra dans la province de Zardandan, dont la capitale, Nocian, forme la ville moderne de Yung-chang. Tous les habitants de cette cité avaient des dents d’or, c’est-à-dire que la mode était alors de recouvrir leurs dents de petites lames d’or, qu’ils enlevaient lorsqu’ils voulaient manger. Les hommes de cette province, tous chevaliers, ne font que « oiseler, chasser et aller en guerre ; » les ouvrages pénibles sont dévolus soit aux femmes, soit aux esclaves. Ces Zardandaniens n’ont ni idoles ni églises, mais ils adorent le plus âgé de la famille, c’est-à-dire l’ancêtre, le patriarche. Le règlement de leurs fournisseurs se fait au moyen de coches semblables à celles dont se servent les boulangers de France. Ils n’ont point de médecins, mais seulement des enchanteurs qui sautent, dansent et jouent des instruments auprès du malade jusqu’à ce qu’il meure ou qu’il guérisse.

En quittant la province des hommes aux dents d’or, Marco Polo, suivant pendant deux jours cette grande route qui sert au trafic entre l’Inde et l’Indo-Chine, passa