Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/121

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C’était alors une grande ville, la plus noble de toutes ces contrées, très-visitée par les marchands de soie, et dont les merveilleux jardins produisaient une grande quantité de fruits excellents. À trois journées de marche de Condinfu, Marco Polo trouva la ville de Lin-tsin-cheu, située au commencement du grand canal de Yun-no, et lieu de rendez-vous des innombrables bâtiments qui portent tant de marchandises dans les provinces du Mangi et du Cathay. Huit jouis après, il traversait Ligui, qui parait correspondre à la ville actuelle de Ling-cing, la ville de Pi-ceu, cité commerçante de la province de Tchiangsu, puis la ville de Cingui, et il arrivait à ce Caramoran, ce fleuve Jaune qu’il avait déjà traversé dans son cours supérieur quand il se dirigeait vers l’Indo-Chine. En cet endroit, Marco Polo n’était pas à plus d’une lieue de l’embouchure de cette grande artère chinoise. Après l’avoir franchie, le voyageur se trouva dans la province de Mangi, territoire désigné sous le nom d’empire des Song.

Ce royaume de Mangi, avant d’appartenir à Kublaï-Khan, était gouverné par un roi pacifique, qui n’aimait pas les cruels hasards de la guerre, et qui se montrait compatissant pour les malheureux. Voici en quels termes Marco Polo en parle, et il le fait de si bonne façon que nous voulons donner le texte même de son récit. « Ce dernier empereur de la dynastie des Song pouvait tellement dépenser, que c’était prodigieux ; et je vous raconterai de lui deux traits bien nobles. Chaque année, il faisait nourrir bien vingt mille petits