Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

taient fréquemment entre les chefs et les équipages, ils arrivèrent au port de Vivero, sur la côte de la Galice, puis à la Corogne. Là, Jean de Béthencourt et ses gentilshommes demeurèrent huit jours. Les Français eurent quelques difficultés avec un certain comte d’Écosse, qui se montra désobligeant à leur égard, mais tout se borna à un échange de paroles. Le baron reprit la mer, doubla le cap Finistère, suivit la côte portugaise jusqu’au cap Saint-Vincent, et arriva au port de Cadix, où il fit un assez long séjour. Là, il eut encore maille à partir avec des marchands génevois qui l’accusaient d’avoir pris leur navire, et il dut même se transporter à Séville, où le roi Henri III lui rendit justice en le déchargeant de toute plainte. Jean de Béthencourt revint donc à Cadix et trouva une partie de son équipage en pleine mutinerie. Ses matelots, effrayés des dangers de l’expédition, ne voulaient pas continuer le voyage ; mais le chevalier français, gardant les courageux et renvoyant les lâches, fit appareiller, et, quittant le port, il gagna la haute mer.

Le navire du baron fut retenu pendant trois jours par des calmes, qu’il appelle « la bonace » ; puis, le temps se relevant, il atteignit en cinq jours une des petites îles du groupe des Canaries, la Gracieuse, et enfin une île plus importante, Lancerote, dont la longueur est de 44 kilomètres et la largeur de 16. ayant à peu près la grandeur et la forme de l’île de Rhodes. Lancerote est riche en pâturages et en bonnes terres de culture, très propices à la production de l’orge. Les fontaines et les