Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/198

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Christophe Colomb se trouvait alors en Andalousie, à une demi-lieue du port de Palos. Dénué de tout, mourant de faim, il alla frapper à la porte d’un couvent de franciscains dédié à santa Maria de Rabida, et il demanda l’aumône d’un peu de pain et d’eau pour son pauvre enfant et pour lui.

Le gardien du couvent, Juan Perez de Marchena, accorda l’hospitalité à l’infortuné voyageur. Il l’interrogea. Surpris de la noblesse de son langage, ce bon père fut encore plus émerveillé de la hardiesse de ses idées, car Christophe Colomb lui fit connaître ses aspirations. Pendant plusieurs mois, le marin errant demeura dans ce couvent hospitalier. De savants moines s’intéressèrent à lui et à ses projets. Ils étudièrent ses plans ; ils se renseignèrent auprès des navigateurs en renom, et, il faut le noter, ils furent les premiers à croire au génie de Christophe Colomb. Juan Perez fit plus ; il offrit au père de se charger de l’éducation de son fils, et il lui donna une pressante lettre de recommandation pour le confesseur de la reine de Castille.

Ce confesseur, prieur du monastère de Prado, jouissait de toute la confiance de Ferdinand et d’Isabelle ; mais il ne sut admettre les projets du navigateur génois, et il ne le servit en aucune façon auprès de sa royale pénitente.

Christophe Colomb dut encore se résigner et attendre. Il se fixa donc à Cordoue, où la cour devait se transporter, et, pour vivre, il reprit son métier d’imagier. Pourrait-on citer dans l’histoire des hommes illustres