Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/239

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grand nombre d’îles herbeuses, fertiles et habitées. Colomb, se rapprochant de la terre, pénétra dans un fleuve, dont les eaux étaient si chaudes que nul ne pouvait y tenir la main ; fait évidemment empreint d’exagération et que les découvertes postérieures ne justifièrent jamais. Les pêcheurs de cette côte employaient pour pêcher un certain poisson nommé rémora, « qui remplissait près d’eux l’office du chien près du chasseur ».

« Ce poisson était de forme inconnue, ayant corps semblable à une grande anguille, et sur le derrière de la tête une peau très-tenante, à la façon d’une bourse pour prendre les poissons. Et ils tiennent ce poisson, lié d’une corde à l’esponde du navire, toujours en l’eau ; car il ne peut soutenir le regard de l’air. Et quand ils voient un poisson ou une tortue, qui là sont plus grandes que grands boucliers, alors ils délient le poisson en lâchant la corde. Et quand il se sent délié, soudain, plus vite qu’une flèche il (le rémora) assaille ledit poisson ou tortue, jette dessus sa peau en manière de bourse, et tient sa proie si fermement, soit poisson ou tortue, par la partie apparente hors de la coque, que nullement on ne lui peut arracher, si on ne l’arrache à la marge de l’eau, la corde petit à petit attirée et assemblée : car sitôt qu’il voit la splendeur de l’air, il laisse incontinent sa proie. Et les pêcheurs descendent autant qu’il est nécessaire pour prendre la proie, et la mettent dedans leur navire, et ils lient le poisson chasseur, avec autant de corde qu’il lui en faut pour le remettre en son siège et place, et, avec une autre corde,