Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/263

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le 25 septembre, Colomb s’arrête entre la petite île de la Huerta et le continent, puis, le 5 octobre, il part de nouveau et, après avoir relevé la baie de l’Almirante, il jette l’ancre en face du village de Cariay. Là, les navires furent réparés, et ils restèrent dans cette relâche jusqu’au 15 octobre.

Christophe Colomb se croyait alors arrivé non loin de l’embouchure du Gange, et les naturels, en lui parlant d’une certaine province de Ciguare, entourée par la mer, semblaient confirmer cette opinion. Ils prétendaient aussi que la contrée renfermait d’abondantes mines d’or, dont la plus importante était située à vingt-cinq lieues vers le sud. L’Amiral reprit donc la mer et commença à suivre la côte boisée de Veragua. Les Indiens, sur cette partie du continent, semblaient être très sauvages. Le 26 novembre, la flottille entra au port d’El Retrete, qui a formé le port actuel des Escribanos. Les bâtiments, rongés par les vers, étaient dans le plus triste état ; il fallut encore réparer leurs avaries et prolonger la relâche à El Retrete. Colomb ne quitta ce port que pour essuyer une tempête plus affreuse que les précédentes : « Pendant neuf jours, dit-il, je restai sans aucune espérance de salut. Jamais homme ne vit une mer plus violente et plus terrible ; elle s’était couverte d’écume ; le vent ne permettait ni d’aller en avant ni de se diriger vers quelque cap ; il me retenait dans cette mer, dont les flots semblaient être de sang ; son onde paraissait bouillir comme échauffée par le feu. Jamais je ne vis au ciel un aspect aussi épouvantable : ardent