Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/320

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mais il ne crut pas devoir y fonder d’établissement.

Après avoir hiverné à Mozambique, il débarqua à Mélinde trois ambassadeurs qui, par l’intérieur du continent, devaient gagner l’Abyssinie ; puis, il mouilla à Brava, dont Coutinho, un de ses lieutenants, ne put obtenir la soumission. Les Portugais mirent alors le siège devant cette ville, qui résista héroïquement, mais qui finit cependant par succomber, grâce au courage et à l’armement perfectionné de ses adversaires. La population fut massacrée sans pitié et la ville livrée aux flammes.

A Magadoxo, toujours sur la côte d’Afrique, da Cunha essaya, mais en vain, d’imposer son autorité. La force de la ville, dont la population nombreuse se montra très-résolue, ainsi que l’approche de l’hiver, le forcèrent à lever le siège. Il tourna alors ses armes contre l’île de Socotora, à l’entrée du golfe d’Aden, dont il emporta la forteresse. Toute la garnison fut passée au fil de l’épée ; on n’épargna qu’un vieux soldat aveugle qui avait été découvert caché dans un puits. À ceux qui lui demandaient comment il y avait pu descendre, il avait répondu : « Les aveugles ne voient que le chemin qui conduit à la liberté. »

A Socotora, les deux chefs portugais construisirent le fort de Çoco, destiné, dans l’esprit d’Albuquerque, à commander le golfe d’Aden et la mer Rouge par le pas de Bab-el-Mandeb ; à couper, par conséquent, une des lignes de navigation les plus suivies de Venise avec les Indes.