Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/330

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Puis, lorsque la méfiance de Lopes Sequeira eut été endormie par des protestations réitérées d’alliance, il vit se soulever contre lui toute la population et fut forcé de se rembarquer, non sans laisser, toutefois, entre les mains des Malais, une trentaine de ses compagnons.

Ces derniers événements s’étaient déjà passés depuis quelque temps lorsque la nouvelle de la prise de Goa parvint à Malacca. Le bendarra ou ministre de la justice, qui exerçait pour son neveu encore enfant le pouvoir royal, craignant la vengeance que les Portugais allaient sans doute tirer de sa trahison, résolut de les apaiser. Il alla donc trouver ses prisonniers, s’excusa auprès d’eux en leur jurant que tout s’était fait à son insu et contre sa volonté, car il ne désirait rien tant que de voir les Portugais venir commercer à Malacca ; d’ailleurs, il allait donner l’ordre de rechercher et de châtier les auteurs de la trahison.

Les prisonniers n’ajoutèrent naturellement aucune créance à ces déclarations mensongères, mais, profitant de la liberté relative qui leur fut octroyée dès lors, ils surent habilement faire parvenir à Albuquerque des renseignements précieux sur la position et la force de la ville.

Albuquerque réunit à grand’peine une flotte de dix-neuf bâtiments de guerre, qui portait quatorze cents hommes, parmi lesquels il n’y avait que huit cents Portugais. Devait-il alors, comme le lui demandait le roi Emmanuel, se diriger sur Aden, la clef de la mer Rouge, dont il importait de se rendre maître, si l’on