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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Les ressources des trois associés étaient si bornées à ce moment qu’ils ne purent rassembler que trois petits bâtiments avec cent quatre-vingts soldats, dont trente-six cavaliers, qui partirent au mois de février 1531 sous le commandement de Pizarre et de ses quatre frères, tandis qu’Almagro restait à Panama pour organiser une expédition de secours. Au bout de treize jours de navigation, après avoir été emporté par un ouragan cent lieues plus bas qu’il se l’était proposé, Pizarre fut contraint de débarquer ses gens et ses chevaux dans la baie de San-Mateo et de suivre la côte. Cette marche, fut difficile, dans un pays hérissé de montagnes, peu peuplé et coupé de rivières qu’il fallut traverser à leur embouchure. Enfin, on arriva à un lieu nommé Coaqui, où l’on fit un grand butin, ce qui détermina Pizarre à renvoyer deux de ses navires. Ils emportaient à Panama et à Nicaragua une valeur de plus de 30,000 castellanos, ainsi qu’un grand nombre d’émeraudes, riche butin qui devait, selon Pizarre, déterminer beaucoup d’aventuriers à venir le rejoindre.

Puis, le conquérant continua sa marche dans le sud jusqu’à Porto-Viejo, où il fut rejoint par Sébastien Benalcazar et Juan Fernandez, qui lui amenèrent douze cavaliers et trente fantassins. L’effet que la vue des chevaux et les détonations des armes à feu avaient produit au Mexique se renouvela au Pérou, et Pizarre put arriver sans rencontrer de résistance jusqu’à l’île de Puna, dans le golfe de Guayaquil. Mais les insulaires, plus nombreux et plus belliqueux que leurs congénères