Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

95
KÉRABAN-LE-TÊTU.

Seul, Ahmet ne put fermer l’œil un instant. De savoir dans quel but Amasia avait été enlevée par Yarhud, cela l’inquiétait, non plus pour le passé, mais pour l’avenir. Il se demandait si tout danger avait disparu avec le naufrage de la Guïdare. Certes, il avait lieu de croire que pas un des hommes de l’équipage n’avait survécu à la catastrophe, et il ignorait que le capitaine en fût sorti sain et sauf. Mais cette catastrophe serait bientôt connue dans ces parages. Celui pour le compte duquel agissait Yarhud, — quelque riche seigneur, sans doute, peut-être quelque pacha des provinces de l’Anatolie, — en serait rapidement instruit. Lui serait-il donc difficile de se remettre sur les traces de la jeune fille ? Entre Trébizonde et Scutari, à travers cette province, presque déserte, traversée par l’itinéraire, les périls ne pourraient-ils être accumulés, les pièges tendus, les embûches préparées ?

Ahmet prit donc la résolution de veiller avec le plus grand soin. Il ne se séparerait plus d’Amasia ; il prendrait la direction de la petite caravane et choisirait, au besoin, quelque guide sûr, qui pourrait le diriger par les plus courtes voies du littoral.

En même temps, Ahmet résolut de mettre le banquier Sélim, le père d’Amasia, au courant de ce