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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/163

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Nous ?… s’écria le Hollandais, sans rien comprendre à cette affirmation inattendue.

— Oui !… eux ! reprit le juge ! Qu’ils aient craint ou non d’être dénoncés par la chèvre, peu importe ! Ce qui est certain, c’est que se sachant coupables, au lieu de caresser le dos de cet animal, qui était enduit d’une couche de suie, ils n’ont fait que passer leur main au-dessus et se sont accusés eux-mêmes ! »

Un murmure flatteur, — très flatteur pour l’ingéniosité du juge — s’éleva aussitôt, tandis que le seigneur Kéraban et ses compagnons, fort désappointés, baissaient la tête.

« Ainsi, dit le seigneur Yanar, ce sont ces trois malfaiteurs qui ont osé la nuit dernière…

— Eh ! la nuit dernière, s’écria Ahmet, nous étions à dix lieues du caravansérail de Rissar !

— Qui le prouve ?… répliqua le juge. En tout cas, il n’y a qu’un instant, c’est vous qui avez tenté de vous introduire dans la chambre de cette noble voyageuse !

— Eh bien, oui, s’écria Kéraban, furieux de s’être si maladroitement laissé prendre à ce piège, oui !… c’est nous qui sommes entrés dans ce couloir ! Mais ce n’est qu’une erreur de notre part… ou