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KÉRABAN-LE-TÊTU.

vous manque plus que de grosses et menaçantes moustaches, telles qu’en porte le seigneur Yanar !

— Je n’ai jamais eu de moustaches, répondit Van Mitten.

— Vous n’avez pas de moustaches ? s’écria Saraboul.

— Il n’a pas de moustaches ? répéta le seigneur Yanar du ton le plus dédaigneux.

— À peine, du moins, noble Saraboul !

— Eh bien, vous en aurez, reprit l’impérieuse Kurde, et je me charge, moi, de vous les faire pousser !

— Pauvre monsieur Van Mitten ! murmurait alors la jeune Amasia, en le récompensant d’un bon regard.

— Bon ! tout cela finira par un éclat de rire » répétait Nedjeb, tandis que Bruno secouait la tête comme un oiseau de mauvais augure.

Le lendemain, 20 septembre, après avoir suivi l’amorce d’une voie romaine que Lucullus fit construire, dit-on, pour relier l’Anatolie aux provinces arméniennes, la petite troupe, très favorisée par le temps, laissait en arrière le village d’Aptar, puis, vers midi, la bourgade d’Ordu. Cette étape côtoyait la lisière de forêts superbes, qui s’étagent sur les