à la Kéraban ! — mais personne ne la discuta, afin que son auteur ne fût point tenté de la mettre à exécution.
Vers neuf heures du soir, après une journée véritablement fatigante, la petite troupe s’arrêta, et, sur le conseil du guide, on s’occupa d’organiser le campement.
« À quelle distance sommes-nous maintenant des hauteurs de Scutari ? demanda Ahmet.
— À cinq ou six lieues encore, répondit le guide.
— Alors, pourquoi ne pas pousser plus avant ? reprit Ahmet. En quelques heures, nous pourrions être arrivés…
— Seigneur Ahmet, répondit le guide, je ne me soucie pas de m’aventurer, pendant la nuit, dans cette partie de la province, où je risquerais de m’égarer ! Demain, au contraire, avec les premières lueurs du jour, je n’aurai rien à craindre, et, avant midi, nous serons arrivés au terme du voyage.
— Cet homme a raison, dit le seigneur Kéraban. Il ne faut pas compromettre la partie par tant de hâte ! Campons ici, mon neveu, prenons ensemble notre dernier repas de voyageurs, et, demain, avant dix heures, nous aurons salué les eaux du Bosphore ! »
Tous, sauf Ahmet, furent de l’avis du seigneur