Ce repas, fort rudimentaire, mais gaiement pris, était achevé. Encore quelques heures de repos, et l’on pourrait terminer ce voyage sans trop de fatigues.
« Allons dormir jusqu’au jour, dit Kéraban. Lorsque le moment en sera venu, je charge notre guide de nous éveiller tous !
— Soit, seigneur Kéraban, répondit cet homme, mais n’est-il pas plus à propos que j’aille remplacer votre serviteur Nizib à la garde des attelages ?
— Non, demeurez ! dit vivement Ahmet. Nizib est bien où il est et je préfère que vous restiez ici !… Nous veillerons ensemble !
— Veiller ?… reprit le guide, en dissimulant mal la contrariété qu’il éprouvait. Il n’y a pas le moindre danger à craindre dans cette région extrême de l’Anatolie !
— C’est possible, répondit Ahmet, mais un excès de prudence ne peut nuire !… Je me charge, moi, de remplacer Nizib à la garde des chevaux ! Donc, restez !
— Comme il vous plaira, seigneur Ahmet, répondit le guide. Disposons donc tout dans la caverne pour que vos compagnons puissent y dormir plus à l’aise.