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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/40

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

laisser voir l’ombre d’un regret à l’endroit de son excellente chaise de poste.

— Oui… reprit Ahmet, avec une bonne litière de paille dans cette araba…

— Nous serons comme des princes, mon neveu !

— Des princes de théâtre ! murmura Bruno.

— Hein ? fit Kéraban.

— D’ailleurs, reprit Ahmet, nous ne sommes plus qu’à cent soixante agatchs[1] de Trébizonde, et là, j’y compte bien, nous pourrons nous refaire un meilleur équipage.

— Je répète que celui-ci suffira ! » dit Kéraban, en observant, sous son sourcil froncé, s’il surprendrait au visage de ses compagnons l’apparence d’une contradiction.

Mais tous, écrasés par ce formidable regard s’étaient fait une figure impassible.

Voici ce qui fut convenu : le seigneur Kéraban, Van Mitten et Bruno devaient prendre place dans l’araba, dont l’un des chevaux serait monté par le postillon, chargé du soin de relayer après chaque étape ; Ahmet et Nizib, très habitués aux fatigues de l’équitation, suivraient à cheval. On espérait ainsi ne point éprouver trop de retard jusqu’à Trébi-

  1. Environ soixante lieues.