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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/59

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Mille piastres suffiraient !…

— Ni mille, ni cent, ni dix, ni une ! riposta Kéraban, qui commençait à se mettre en colère.

— Quoi ! rien ?

— Rien !

— Mais alors…

— Alors, vous n’avez qu’à continuer ce voyage avec nous, monsieur Van Mitten. Vous ne manquerez de rien ! Mais quant à vous laisser une piastre, un para, un demi-para, pour vous permettre de vous promener à votre convenance… jamais !

— Jamais ?…

— Jamais ! »

La manière dont ce « jamais » fut prononcé était bien pour faire comprendre à Van Mitten et même à Bruno, que la résolution de l’entêté était irrévocable. Quand il avait dit non, c’était dix fois non !

Van Mitten fut-il particulièrement blessé de ce refus de Kéraban, autrefois son correspondant et naguère son ami, il serait difficile de l’expliquer, tant le cœur humain, et en particulier le cœur d’un Hollandais, flegmatique et réservé, renferme de mystères. Quant à Bruno, il était outré ! Quoi !