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XI

où thompson, à son tour, n’en a pas pour son argent.

« Mr. Thompson ! s’écria Baker avec une joie féroce.

C’était bien Thompson en personne, mais un peu penaud, il faut l’avouer, malgré son extraordinaire aplomb. Dans la lutte entre sa peur et son avarice, celle-ci avait finalement succombé, et Thompson vaincu mettait les pouces. Patiemment, il avait guetté le départ, et, profitant de la nuit, il s’était joint au dernier convoi.

— Mr. Thompson ! répéta Baker, couvant son ennemi comme un chat une souris. Nous n’espérions plus avoir le désagrément vous revoir ! Aurons-nous donc l’ennui de retourner avec vous en Angleterre ?

— En effet, répondit Thompson, qui eût au besoin avalé d’autres couleuvres. Mais j’entends payer mon passage, ajouta-t-il précipitamment, espérant désarmer ainsi son implacable adversaire.

— Comment donc ! approuva Baker. Cela est trop surnaturel !

— Surnaturel ? répéta Thompson.

— Oui. Vous ne nous avez pas habitués jusqu’ici à de semblables façons. Enfin ! il n’est jamais trop tard pour bien faire. Voyons, quel prix allons-nous vous prendre, mon cher monsieur ?

— Le prix de tout le monde, je suppose, dit Thompson avec angoisse.

— C’est que voici la difficulté, objecta Baker d’un ton bonhomme, nous n’avons pas de tarif. Nous formons tous, tels que vous nous voyez, une société mutuelle, une coopérative comme