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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

— Celui-là, commença Thompson… Au fait ! je vous laisse le plaisir de faire sa connaissance, car, si je ne me trompe, c’est à vous qu’il en veut. »

Le personnage en question avait, en effet, pris subitement son parti, et se dirigeait en droite ligne vers Robert. Il l’aborda poliment tandis que Thompson s’esquivait.

« Sapristi ! mon cher monsieur, s’écria-t-il en s’essuyant le front, j’ai eu du mal à vous trouver. M. Morgand ? demandais-je à tout le monde. « M. Morgand ? Connais pas ». Voilà ce qu’on me répondait invariablement, vous le croirez si vous voulez.

Robert éprouva quelque surprise de cette singulière entrée en matière. Toutefois, il n’y avait pas lieu de se fâcher, l’intention de blesser étant certainement absente. Pendant le discours de leur chef, les trois femmes se confondaient en révérences, et le jeune garçon écarquillait des yeux où se lisait une évidente admiration.

— Pourrais-je savoir, monsieur, à qui j’ai l’honneur de parler ? demanda froidement Robert.

Froideur bien naturelle. Il n’était pas de rapports bien tentants, ce gros homme commun, suant la sottise et le contentement de soi, non plus que sa famille, composée, sans compter le jeune garçon, d’une femme plus que mûre et de deux filles sèches et laides qui devaient friser la trentaine.

— Parfaitement ! parfaitement, monsieur, répondit l’épais personnage.

Pourtant, avant de donner le renseignement demandé, il se mit en quête de sièges pour lui et pour les siens. Les pliants récoltés, toute la famille s’installa confortablement.

— Asseyez-vous donc, dit à Robert l’intrus d’une voix engageante.

Robert, résolu à prendre l’incident du bon côté, obéit à l’invitation.

— On est mieux assis, pas vrai ? s’écria le gros homme en riant lourdement. Ah ! Ah ! Vous demandiez donc qui j’étais. Mr. Block-