Allons, allons ! avec un tel aplomb, on ne peut manquer de devenir un vrai chasseur !
Soudain, l’interrogatoire que je subissais fut brusquement interrompu. Le chien de Pontcloué venait de faire partir une caille, à moins de dix pas. Involontairement, par instinct, si l’on veut, je mis en joue… et pan ! comme disait Matifat.
Quelle gifle je reçus, pour avoir mal épaulé, — une de ces gifles, il est vrai, dont on ne peut demander raison à personne ! Mais mon coup de fusil avait été instantanément suivi d’un autre, celui de Pontcloué.
La caille tomba, criblée, et le chien la rapporta à son maître, qui la mit dans son carnier.
On ne me fit même pas l’honnêteté de penser que j’avais pu être pour quelque chose dans ce massacre. Mais je ne dis rien, je n’osai rien dire. On sait que je suis naturellement timide avec les gens qui en savent plus que moi !
Ma foi, ce premier succès avait mis en appétit tous ces enragés destructeurs de gibier. Pensez donc ! Après trois heures de chasse, une caille pour sept chasseurs ! Non ! il n’était pas possible que, sur ce riche terrain d’Hérissart, il n’y en eût pas au moins une autre, et, s’ils parvenaient à la tuer, cela ferait presque un tiers de caille par combattant.
Le rideau franchi, on se retrouva sur le déplorable sol des terres labourées. Pour ma part, ces sillons qui obligent à faire des enjambées fatigantes, ces morceaux de glèbe entre lesquels le pied tourne, ne me vont guère, et je préfère de beaucoup l’asphalte des boulevards.
Notre bande, avec sa meute, alla deux heures ainsi, sans rien voir. Les sourcils se fronçaient déjà. Une sorte d’irascibilité farouche se manifestait à propos de tout et de rien, d’une souche contre laquelle on butait, d’un chien qui en coupait un autre. Bref, des indices non équivoques d’une mauvaise humeur générale.
Enfin, un vol de perdreaux se dessine à quarante pas, au-dessus d’un champ