Page:Verne - L’Étonnante Aventure de la mission Barsac, parue dans Le Matin, avril à juillet 1914.djvu/20

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— Et ce qui est plus en rapport avec mon âge, expliqua l’oncle-neveu. Mais passons, et, les présentations étant faites, permettez-moi, monsieur le député, d’en arriver à ce qui nous amène, Mlle Mornas et moi. En bon oncle-neveu, je me suis laissé entraîner par elle jusqu’à ces lointaines contrées. Notre intention n’est pas de séjourner à Konakry, mais bien de nous aventurer dans l’intérieur, en quête d’émotions et de spectacles neufs. Nos préparatifs sont terminés, et nous étions sur le point de partir, quand nous avons appris qu’une mission allait suivre, sous vos ordres, une route analogue à la nôtre. J’ai fait alors observer à Mlle Mornas que, si tranquille que fût ce pays, il me paraissait préférable de nous joindre à cette mission, si l’on voulait bien nous y accueillir. Nous venons donc vous demander l’autorisation de faire route de conserve avec vous.

— En principe, répondit Barsac, je n’y vois pas d’inconvénient, mais je dois, vous le comprendrez, consulter mes collègues.

— C’est trop naturel, approuva Saint-Bérain.

— Peut-être, suggéra Barsac, craindront-ils que la présence d’une femme ne retarde notre marche et ne soit peu compatible avec l’exécution du programme qui nous a été tracé… Dans ce cas…

— Qu’ils perdent cette crainte ! protesta l’oncle Agénor. Mlle Mornas est un vrai garçon. Elle vous demande elle-même de la traiter, non en compagne, mais en compagnon.

— Certes ! approuva Jane Mornas. J’ajouterai que, même au point de vue matériel, nous ne vous causerons aucune gêne. Nous possédons chevaux et porteurs. Rien ne nous manque, et nous avons jusqu’à deux Bambaras, deux anciens tirailleurs sénégalais, que nous avons engagés en qualité de guides et d’interprètes. Vous voyez que vous pouvez nous accueillir sans crainte.

— Dans ces conditions, en effet… reconnut Barsac. Enfin, j’en parlerai ce soir même à mes collègues, et, s’ils sont de mon