Page:Verne - L’Étonnante Aventure de la mission Barsac, parue dans Le Matin, avril à juillet 1914.djvu/32

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Avant de se mettre en route, cependant, Jane devait s’assurer le consentement de son père. Ce consentement, elle l’obtint plus facilement qu’elle n’eût osé l’espérer. À peine lui avait-elle fait part, sans entrer dans aucun détail, de son intention d’entreprendre un voyage, que celui-ci acquiesça du geste, pour se replonger aussitôt dans sa morne tristesse. L’avait-il même écoutée ? De toute évidence, rien ne l’intéressait plus ici-bas.

En règle de ce côté, Jane et Agénor commencèrent les préparatifs de leur expédition. Ils ignoraient à ce moment quel appui allait leur donner la mission Barsac. Ils agirent donc comme s’ils devaient entreprendre seuls et avec leurs seules ressources cette folle randonnée de trois à quatre mille kilomètres.

Depuis plusieurs années, Jane avait soigneusement étudié la géographie des contrées qu’elle aurait à traverser. Les ouvrages de Flatters, du docteur Barth, du capitaine Binger, du colonel Monteil l’avaient exactement renseignée sur cette région et sur ses habitants. Elle avait appris ainsi que, si elle tentait une exploration à main armée, c’est-à-dire en s’entourant d’une troupe imposante de trois ou quatre cents volontaires, qu’il lui faudrait armer, nourrir et payer, elle serait entraînée d’abord à des dépenses considérables, et qu’elle se heurterait ensuite à des peuplades guerrières qui s’opposeraient par la force à un passage demandé par la force. Elle se verrait donc obligée de combattre pour atteindre son but, en admettant même qu’elle pût l’atteindre.

Le capitaine Binger déclare que, si les indigènes le veulent, ils empêcheront toujours une expédition de passer, soit en l’attaquant, soit en faisant le vide devant elle et en la forçant ainsi à rétrograder faute de vivres.

Jane, très frappée par cette remarque, avait donc décidé de tenter une exploration pacifique. Peu d’armes visibles, quelques hommes dévoués et sûrs, et le nerf de la guerre représenté ici, non seulement par de l’argent, mais aussi par des cadeaux desti-