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le second canal.

aperçus. Ils ne s’y fussent point exposés, et il entrait dans leur projet, sans doute, que l’ingénieur, le capitaine Hardigan et ses spahis fussent engagés plus avant dans la partie algérienne des chotts.

Le lendemain, dès la première heure, le campement fut levé. M. de Schaller avait grande hâte d’atteindre l’extrémité du canal. Là était ouverte la tranchée qui amènerait les eaux du golfe de Gabès au chott Melrir.

Mais, toujours pas de trace de l’équipe partie de Biskra, et dont l’absence restait un mystère. Que lui était-il advenu ? M. de Schaller se perdait en suppositions. Arrivé au lieu de la rencontre strictement fixé, il n’y trouvait aucun de ceux qu’il attendait, et dont l’absence lui paraissait grosse de menaces.

« Il s’est évidemment passé quelque chose de grave ! ne cessait-il de répéter.

— Je le crains, avouait à son tour le capitaine Hardigan. Tâchons d’arriver au Melrir avant la nuit. »

La halte de midi fut courte. On ne détela point les chariots, on ne débrida pas les chevaux – le temps seulement de prendre quelque nourriture. On aurait tout loisir de se reposer après cette dernière étape.

Bref, le détachement fit telle diligence, sans avoir jamais rencontré personne sur sa route, que, vers quatre heures du soir, apparurent les hauteurs qui encadrent le chott de ce côté. Sur la droite, au kilomètre 347, se trouvait le dernier chantier de la Compagnie à la fin des travaux, puis à partir de ce point il n’y avait plus que la traversée du chott Melrir et de son entrée, le chott Sellem, pour retrouver les cotes élevées.

Ainsi que l’observa le lieutenant Villette, pas une fumée ne s’élevait à l’horizon, et aucun bruit ne se faisait entendre.

Les chevaux furent vigoureusement poussés, et, comme le chien prenait les devants, Nicol ne put empêcher son cheval de se lancer sur les traces de Coupe-à-cœur.