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l’invasion de la mer

Là, les prisonniers furent contraints de se mettre en selle sur leurs propres montures, tandis qu’un des chameaux était réservé à M. François qui dut se jucher tant bien que mal sur la bête. Puis toute la troupe disparut au milieu de cette nuit orageuse, sous un ciel en feu.

Il y a lieu de noter que le chien du maréchal des logis-chef Nicol était arrivé au moment de l’attaque, et, ne sachant pas qu’il devançait le détachement, Sohar le laissa suivre les prisonniers.

En prévision de ce coup de main organisé par Hadjar, les Touareg étaient munis de vivres pour quelques jours, et deux méharis, chargés de provisions, assuraient la nourriture de la bande jusqu’au retour.

Mais le voyage allait être fort pénible, car il comprenait une cinquantaine de kilomètres entre l’extrémité orientale du chott et l’oasis de Zenfig.

La première étape conduisit les prisonniers à l’endroit où Sohar avait fait halte avant d’attaquer le campement de Goléah. C’est là que les Touareg s’arrêtèrent, toutes précautions prises pour que le capitaine Hardigan et ses compagnons ne pussent s’enfuir. Ils eurent à passer une nuit affreuse, car les rafales ne se calmèrent qu’aux approches du jour. Et, pour tout abri, les frondaisons d’un petit bois de palmiers. Blottis les uns contre les autres, tandis que les Touareg rôdaient autour d’eux, s’ils ne pouvaient s’échapper, du moins pouvaient-ils parler, et de quoi, si ce n’est de cette agression si inattendue dont ils étaient victimes. Qu’il y eût là la main de Hadjar, rien ne leur permettait de le penser. Mais l’esprit de révolte qui courait à travers les diverses tribus du Djerid, et plus particulièrement du Melrir, n’expliquait que trop les choses. Quelques chefs touareg avaient dû apprendre la prochaine arrivée d’un détachement de spahis au chantier… Des nomades leur auraient fait connaître qu’un ingénieur de la Compagnie venait inspecter les contours du Melrir,