avant que les derniers coups de pioche eussent éventré le seuil de Gabès…
Et, alors, le capitaine Hardigan de se demander, sérieusement cette fois, s’il n’avait pas été trompé par cet indigène rencontré la veille à Goléah et, son impression, il ne la cacha point à ses compagnons.
« Vous devez avoir raison, mon capitaine, déclara le brigadier… Cet animal ne m’a jamais inspiré confiance…
— Mais alors, observa l’ingénieur, qu’est devenu le lieutenant Villette ?… Il n’aura trouvé ni Pointar ni aucun de ses ouvriers à l’oasis de Gizeb…
— En admettant qu’il soit allé jusque-là, reprit le capitaine. Si Mézaki est le traître que nous soupçonnons, il n’avait pas d’autre but que d’éloigner Villette et ses hommes et de leur fausser compagnie en route…
— Et qui sait s’il ne va pas rejoindre cette bande qui nous est tombée dessus ?… s’écria l’un des deux spahis.
— Cela ne m’étonnerait point, avoua Pistache, et, quand j’y songe, combien il s’en est fallu de peu, — un quart d’heure à peine, — que notre lieutenant ne soit arrivé à temps pour foncer sur ces gueux d’Arbicos et nous délivrer !…
— En effet, ajouta M. François, le détachement ne pouvait être loin, puisque nous avons entendu les aboiements du chien, presque à l’instant où les Touareg nous surprenaient.
— Ah ! Coupe-à-cœur… Coupe-à-cœur !… répétait le brigadier Pistache, où est-il ?… Nous a-t-il suivis jusqu’ici ?… N’est-il pas plutôt retourné vers son maître pour lui apprendre…
— Le voici… le voici… » dit en ce moment l’un des spahis.
On imagine sans peine quel accueil fut fait à Coupe-à-cœur. Combien de caresses on lui prodigua, et quels gros baisers Pistache appliqua sur sa bonne tête !
« Oui… Coupe-à-cœur, oui !… c’est nous !… Et les autres !… et notre marchef Nicol… ton maître… est-il arrivé ? »