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LA CHASSE AU MÉTÉORE

Si la République du Val d’Andorre, dont les préférences étaient acquises à un mode de répartition basé uniquement sur le chiffre de la population, avait cru faire acte de bonne politique en empêchant le vote immédiat sur la proposition de la Russie, la République du Val d’Andorre s’était lourdement trompée. Alors que cette proposition lui assurait encore, dans tous les cas, d’appréciables avantages, elle risquait fort maintenant de ne pas recevoir un centime, fâcheux résultat sur lequel ne comptait pas M. Ramontcho, qui avait perdu là une belle occasion de se taire.

Dès la matinée du lendemain, 15 juillet, il allait se produire, en effet, un événement de nature à discréditer les travaux de la Conférence Internationale et à en compromettre définitivement le succès. S’il avait été possible, tant qu’on était dans l’ignorance du lieu où tomberait le bolide, de discuter tous les modes possibles de répartition, pouvait-on continuer la discussion alors que cette ignorance avait pris fin ? N’aurait-on pas eu mauvaise grâce à demander le partage, après le tirage de la loterie, au bénéficiaire du gros lot ?

Une chose était certaine, en tout cas, c’est qu’un tel partage ne pourrait plus se faire à l’amiable. Jamais le pays favorisé par le sort n’y consentirait bénévolement. Jamais, désormais, on ne verrait reprendre séance et participer aux travaux de la Conférence Internationale M. de Schnack, délégué du Groenland, l’heureux gagnant à qui, dans sa note quotidienne, J. B. K. Lowenthal attribuait, ce matin-là, les milliards errants.

« Depuis une dizaine de jours, écrivait le savant directeur de l’Observatoire de Boston, nous avons parlé à plusieurs reprises d’un changement important survenu dans la marche du météore. Nous y reviendrons aujourd’hui avec plus de précision, le temps écoulé nous ayant convaincu du caractère définitif de ce changement, et le calcul nous permettant d’en déterminer les conséquences.

« Le changement consiste uniquement en ceci, que, depuis le 5 juillet, la force qui sollicitait le bolide a cessé de se manifester. À partir de ce jour, il n’a plus été constaté la moindre déviation de l’orbite, et le bolide ne s’est rapproché de la terre que dans la mesure stricte qui lui est imposée par les conditions dans lesquelles il se meut. Il en est aujourd’hui distant de cinquante kilomètres environ.