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la maison à vapeur.

— Nous essayerons de gagner quelque endroit où Steam-House puisse se mettre hors de leurs atteintes, répondit Banks.

— Trouverons-nous cet endroit, avant notre sortie des Vindhyas ? dit le capitaine Hod.

— Il en est un, répondit l’Indou.

— Lequel ? demanda Banks.

— Le lac Puturia.

— À quelle distance est-il ?

— À neuf milles environ.

— Mais les éléphants nagent, répondit Banks, et mieux peut-être qu’aucun autre quadrupède ! On en a vu se soutenir à la surface de l’eau pendant plus d’une demi-journée ! Or, n’est-il pas à craindre qu’ils ne nous suivent sur le lac Puturia, et que la situation de Steam-House n’en soit encore plus compromise ?

— Je ne vois pas d’autre moyen de se soustraire à leur attaque ! dit l’Indou.

— Nous le tenterons donc ! » répondit l’ingénieur.

C’était, en effet, le seul parti à prendre. Peut-être les éléphants n’oseraient-ils pas s’aventurer à la nage dans ces conditions, et peut-être aussi pourrions-nous les gagner de vitesse !

On attendit impatiemment le jour. Il ne tarda pas à paraître. Aucune démonstration hostile n’avait été faite pendant le reste de la nuit ; mais, au lever du soleil, pas un éléphant n’avait bougé, et Steam-House était entourée de toutes parts.

Il se fit alors un remuement général sur le lieu de halte. On eût dit que les éléphants obéissaient à un mot d’ordre. Ils secouèrent leur trompe, frottèrent leurs défenses contre le sol, firent leur toilette en s’aspergeant d’eau fraîche, achevèrent de brouter çà et là quelques poignées d’une herbe épaisse, dont ce pâturage était amplement fourni, et, finalement, ils se rapprochèrent de Steam-House au point qu’on aurait pu les atteindre à coups de piques à travers les fenêtres.

Banks, cependant, nous fit l’expresse recommandation de ne point les provoquer. L’important était de ne donner aucun prétexte à une agression soudaine.

Cependant, quelques-uns de ces éléphants serraient de plus près notre Géant d’Acier. Évidemment ils tenaient à reconnaître ce qu’était cet énorme animal, immobile alors. Le considéraient-ils comme un de leurs congénères ?