Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/33

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à quel usage ils avaient été employés, on l’ignorait. La conclusion était que cet état de choses ne pouvait durer plus longtemps, et tous les intéressés comptaient que la Commission internationale saurait y apporter remède dans un bref délai.

Une question fut alors posée au président par un des membres, M. Kassilick, représentant de la Valachie.

« Je désirerais savoir, et je pense que mes collègues partageront mon désir, si, depuis que la contrebande s’exerce sur le haut comme sur le bas cours du Danube, les soupçons se sont plus particulièrement portés sur quelqu’un.

— Je puis répondre affirmativement, réplique le président Roth.

— Sur le chef de l’association ?…

— On a tout lieu de le croire.

— Et ce chef, quel serait-il ?…

— Un certain Latzko, dont le nom aurait été prononcé quelquefois…

— Et sa nationalité ?…

— On ne sait au juste, mais il serait possible qu’il fût d’origine serbe ! »

Cette déclaration ne parut pas être du goût du représentant de la Serbie, M. Ouroch, et il crut devoir formuler quelques réserves.

M. Roth s’empressa de lui répondre que cette assertion ne reposait que sur des données assez incertaines et qu’en tout cas, ce chef se nommât-il Latzko, et ce Latzko fût-il Serbe, cela ne saurait en aucune façon porter atteinte à l’honneur d’un pays qui compte parmi ses chefs dynastiques des Étienne, des Brancovitch, des Czerin et des Obrenovitch !

M. Ouroch se montra satisfait, comme l’eussent été en pareille occurrence les représentants Allemands, Autrichiens, Hongrois, Valaques et autres, pour lesquels le président Roth n’aurait eu qu’à modifier les noms dans sa réponse.

Ainsi donc, les soupçons des diverses polices se portaient sur un certain Latzko, mais uniquement parce que ce nom avait été révélé dans une certaine lettre surprise à la poste de Pest. Mais, quant à celui qui le portait, assez avisé, assez adroit pour échapper à toutes les recherches, on ne le connaissait même pas, on ne l’avait jamais vu. Était-il le chef de l’association qu’il dirigeait de l’une des villes quelconques de l’intérieur ou des rives du Danube ?… Opérait-il par lui-même sur tout le parcours du fleuve ?… Personne ne le savait. Il était à supposer d’ailleurs, que, si ce nom de Latzko était véritablement le sien, il agissait sous un autre nom, et celui-là, la police internationale l’ignorait absolument.

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