Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les membres de la Commission savaient tous à quoi s’en tenir à ce sujet. Dans la question qui leur était soumise, il y avait une petite part de connu, et une grande part d’inconnu.

Le connu, c’était que des marchandises, d’importante valeur, passaient en fraude jusqu’au bassin de la Mer Noire.

L’inconnu, c’était l’organisation de cette vaste entreprise de contrebande, par quels moyens elle s’effectuait et sous quel chef, à quel personnel commandait ce chef que l’on soupçonnait être un certain Latzko, d’origine serbe.

Ce fut à ce moment de la discussion que le Moldave Titcha proposa d’offrir une forte somme à quiconque mettrait la main sur ce Latzko, et le livrerait à la police.

« Jusqu’ici, fit-il observer, les récompenses promises ont été faibles, trop faibles, et il convient de les élever pour tenter même l’un des fraudeurs de la bande ! »

C’était admettre qu’il pouvait se rencontrer un traître qui ne résisterait point à l’appât de la prime, à la condition qu’elle valût la peine de trahir, et, en vérité, peut-être n’était-ce pas mal raisonner de la part de ce Moldave.

« Quel prix est offert ? demanda le Bavarois Uhlemann.

— Cinq cents florins, répondit le secrétaire Choczim.

— Et cinq cents florins, lorsqu’il s’agit d’opérations de contrebande qui donnent des bénéfices cent fois supérieurs, reprit le Moldave, ce n’est pas suffisant… ».

Toute la Commission parut être de cet avis, et, sur la proposition du président Roth, la prime fut portée à deux mille florins.

« Et, déclara le Wurtembergeois Zerlang, il serait bon qu’une récompense honorifique fût ajoutée à cette récompense…

— À la condition toutefois qu’elle ne soit pas gagnée par un des hommes de la bande, » fit justement observer le Bulgare Joannice.

Cela allait de soi.

Le président dit alors que si cette association de malfaiteurs obéissait à un chef, ce Latzko ou tout autre, la police internationale, chargée de poursuivre les fraudeurs, devait en avoir un. Il importait qu’il pût centraliser les opérations de surveillance, qu’il eût la haute main sur tout le personnel, que chacun des agents pût, nuit et jour, se mettre en communication avec lui, — un chef enfin qui, ayant tout pouvoir, assumerait toute responsabilité.

35