Aller au contenu

Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Jusqu’ici, déclara-t-il, la police et la douane n’ont pu marcher avec ensemble, n’étant pas dirigées par la même tête… Des bras agissaient en divers sens, non un cerveau unique qui aurait dû simultaniser leurs mouvements… De là, des fautes commises, des erreurs regrettables, des contre-ordres fâcheux qu’il importait d’éviter à l’avenir. »

Tous approuvèrent la déclaration du président. La Commission désignerait un chef, auquel serait attribué toute autorité sur les autres agents. Et, elle ne se séparerait pas sans avoir fixé son choix, ce qui allait peut-être provoquer des discussions analogues à celles qui avaient précédé la nomination du président Roth.

Mais, avant de parler des candidats dont la Commission aurait à discuter les titres, celui-ci voulut donner communication d’une note qu’il avait reçue du directeur des douanes à Vienne.

Cette note disait en substance que l’administration avait tout lieu de croire à une nouvelle opération de contrebande qui se préparait depuis quelque temps… Dans les provinces riveraines du haut Danube, il s’était produit un important mouvement de marchandises, surtout en objets manufacturés. Vainement avait-on essayé de suivre ce mouvement… Il s’était effectué avec la plus grande circonspection, et les traces des fraudeurs avaient été définitivement perdues. En outre, l’apparition de plusieurs navires suspects avait été signalée aux diverses embouchures du fleuve. Ils semblaient vouloir communiquer avec la terre, et, après une attente plus ou moins longue, ils prenaient le large, les uns se dirigeant vers les rivages moscovites, les autres vers les rivages ottomans. Accostés par certains bâtiments de guerre, ils avaient montré leurs papiers en règle, et bien que l’on pût les soupçonner dans une certaine mesure, il avait fallu les laisser libres de continuer leur route.

La note ajoutait que la surveillance devait être exercée plus sévère que jamais sur le cours entier du Danube. Tout donnait à penser que la nouvelle opération de contrebande était déjà en voie, et la Commission internationale avait à prendre les mesures les plus rigoureuses pour en finir avec ces fraudeurs.

En somme, le président Roth et ses collègues étaient bien décidés à employer tous les moyens possibles pour enrayer cette désastreuse contrebande, à en découvrir le chef et les agents, à détruire jusqu’au dernier cette association de malfaiteurs.

Il restait à organiser ces mesures de manière à les rendre efficaces, en les concentrant dans une seule main. Que la douane d’un côté, la police de l’autre, dussent agir de concert, cela n’était pas à discuter, et d’ailleurs les efforts de ces deux administrations s’exerçaient déjà en commun. Les

36